REDD+

Publié le par orangoutans.over-blog.com

Date : 06/12/2010

 

1 REDD vs REDD+

 

Si le programme REDD vise à la réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation forestière dans les pays en développement, « REDD+ » intègre la conservation, la gestion durable et le renforcement de la capacité de séquestration et de stockage du CO2.

 

Le mécanisme REDD+ repose sur l’hypothèse qu’une forêt en bonne santé permet d’accroître son potentiel de séquestration du carbone, tandis que sa surexploitation libère du CO2 dans l’atmosphère. Les forêts relativement riches en biodiversité contribuent le plus à la stabilisation des stocks de carbone. Elles résistent mieux aux pressions d’origine anthropique et aux effets négatifs des changements climatiques, par rapport aux forêts moins riches en biodiversité. Les forêts naturelles font preuve de la meilleure capacité d’adaptation et les forêts gérées de manière durable ou réhabilitées sont plus résistantes que les monocultures forestières. Les stratégies d’atténuation des émissions liées aux forêts permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais aussi de limiter la vulnérabilité des communautés et des écosystèmes aux changements climatiques.

 

On estime à 410 millions le nombre de personnes dans le monde qui puisent leurs moyens de subsistance directement des ressources forestières.

En outre, 1,2 milliards de personnes dans les pays en développement vivent indirectement des ressources procurées par les arbres et les forêts.

 

L’engagement et la participation adaptée des acteurs et des communautés locales contribueront à la mise en oeuvre de politiques de luttes contre la déforestation tout en améliorant les conditions de vie des populations tributaires des forêts. La condition sine qua non d’une mise en oeuvre réussie du mécanisme REDD+ sera la sauvegarde de l’intégrité sociale et environnementale des forêts.

 

REDD+ acté dans l'accord de Copenhague, « récompense » financièrement les pays pauvres qui luttent contre la déforestation ou tentent de conserver leurs forêts. En effet, la destruction de ces puits de carbone est responsable de 20% des émissions de CO2 au plan mondial. L'Indonésie et le Brésil, particulièrement frappés par ce phénomène, lui doivent respectivement les troisième et quatrième places dans la liste des plus gros émetteurs mondiaux de CO2. Les forêts représentent en effet le deuxième puits de carbone de la planète, estimé à 400 milliards de giga tonnes de C02.

 

2 Difficultés potentielles d'application

 

Si REDD+ a légitimement suscité beaucoup d’espoir à Copenhague, ce mécanisme butte néanmoins sur des difficultés majeures :

 

Jérôme Frignet de Greenpeace France :

« REDD fait courir le risque de transformer des territoires entiers en véritables puits de carbone dans le seul but de récupérer des financements, sans intégrer les communautés qui en vivent. On ne peut pas réduire ces forêts à un simple actif carbone sans prendre en compte la réalité sociale de ces sites et les populations qui vivent des forêts »

 

Mickaël Berrebi, de Planète Urgence :

« REDD est censé intégrer la participation des communautés autochtones, toutefois, il existe des pays où elles n’ont aucun titre de propriété ni reconnaissance légitime. Comment collaborer avec elles si elles n’ont aucun droit ? Certains pays, comme l’Indonésie, n’ont pas de législation sur le droit des peuples ».

 

Jérôme Frignet de Greenpeace France :

« Le risque que ces financements ne bénéficient en réalité qu’aux entreprises de l’industrie forestière est effectivement très fort ».

 

Autre écueil, la question des « fuites carbone », c’est à dire le déplacement de la déforestation dans d’autres zones. Et les effets d’aubaine, qui consistent à surévaluer les pertes dues à la non exploitation industrielle des forêts pour toucher un montant maximum de subventions en échange...

 

3 Bilan

 

Au moment où s’ouvre la COP16 (1) - du 29 Novembre au 10 Décembre 2010 à Cancun  Mexique, peu de projets REDD ont de fait été éligibles depuis un an, explique Nicolas Grondard, expert à l’ONF International (2). « Beaucoup d’annonces [environ 500 projets REDD] ont été faites, mais en réalité 133 ont été documentés et reposent sur des informations précises. Au final 39 d’entre eux sont en cours de validation ».

 

(1) COP16 (COP = Conference Of Parties) est la 16e édition de la Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (UNFCCC = United Nations Framework Convention on Climate Change).

« Parties » fait référence à tous les Etats nationaux qui ont signé et ratifié le traité international, en s'engageant à respecter et à se conformer aux dispositions concernant la coopération internationale contre le changement climatique.

 

(2) ONF International, issue de l'Office Nationale des Forêts, est un bureau de conseils et d'expertises internationales en environnement, spécialisé dans la gestion durable des écosystèmes (notamment forestiers) et la lutte contre le changement climatique. Son siège est à Paris.

 

 

Publié dans Déforestation

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